High Maintenance in Toulouse

28 May 2009

Say it loud, i'm a junglist and i'm proud



En bon blog progressiste, High Maintenance in Toulouse se devait d'offrir une visibilité à une minorité trop longtemps méprisée, la communauté jungle (désolé mais on n'aime pas trop le terme de drum'n'bass, trop politiquement correct à nos yeux). Comme tout mouvement en marge, l'histoire de la jungle est avant tout celle d'une lutte continue pour la reconnaissance et l'égalité des droits. De fait, issu de la radicalisation des raves breakbeat hardcore, le genre a subi dès sa gestation en 1992-1993, un ostracisme révoltant de la part des faiseurs de bon goût y compris au sein de sa mère patrie, la, pour le coup, Perfide Albion. Trop en avance, trop futuriste avec sa soif d'émancipation rythmique, donc incomprise, la scène jungle opère un repli identitaire en 1993-1994 qui lui autorise paradoxalemenent toutes les expérimentations, loin du regard condescendant du mainstream (cf. les productions inouies, au sens propre, de labels comme Reinforced ou Moving Shadow).

Malgré une dignité retrouvée sur ses terres en 1994 grâce à l'explosion médiatique de têtes d'affiche comme Shy Fx ou Goldie et une tentative d'assimilation pop, l'Europe et la France lui refusent toujours la consécration qu'elle mérite (combien d'albums de Roni Size vendus à la Fnac ?). En désespoir de cause, devant les refus multiformes d'intégration qu'elle se voit opposer, la drum'n'bass hurle son sentiment d'injustice en sombrant dans le nihilisme du son techstep, beaucoup plus dur et générique, tandis qu'elle se faisait dépouiller de ses oripeaux créatifs par tous les opportunistes de la terre (Bowie, Everything But The Girl, Etienne Daho et on en passe) de la même manière que les Rolling Stones pillaient le blues des décennies plus tôt.

Bizarement ce retour au ghetto trouve un écho chez tous les damnés de la terre qui peuplent les free parties à la fin des années 1990, notamment en France où l'on y retrouve des djs drum'n'bass tels le Lutin ou Elisa Do Brasil. Musicalement stérile, le techstep incarne la tentation ségrégationniste du mouvement même si on lui doit les basses wobble qui pullulent aujoud'hui du dubstep jusqu'à la fidget. Pas de lumière, pas d'espoir, pas de terre promise, comment vivre le coeur aussi vide ?

Le salut viendra au début des années 2000, quelques uns se lançant à la reconquête d'un public toujours aussi insensible à la polyrythmie ainsi qu'au sort de son prochain. Mais grâce à un sens mélodique retrouvé, des techniques de production inégalées et une stratégie de séduction délibérée qui souffle musicalement le chaud et le froid, l'urgence des sentiments et le recul réflexif, la masculinité des rythmiques et la féminité des vocaux, la jungle mérite aujourd'hui plus que ton respect, ton amour .

En témoigne le récent best-of d' High Contrast, fer de lance du label culte Hospital, qui démontre de façon éclatante les prouesses mélodiques du genre .

High Contrast - Basement Track (Upstairs Downstairs Remix) / Extrait de Confidential (Hospital / 2009) en vente ici.

De la même manière , Calibre , le meilleur producteur de dance music actuel rien de moins , sort ces jours-ci son nouvel opus. Plus deep que Detroit, plus soul que le broken beat, plus experimental que l'IDM, plus sexy que le R'n'B , l'homme qui fait pleurer les machines c'est lui.

Calibre - The Cage / Extrait de Shelf Life Vol.2 (Signature / 2009) en vente ici.

Par ailleurs le genre n'oublie pas d'où il vient , à savoir d'un entrepôt moite de l'East End , d'un trou paumé du Hertfordshire, d'un bidonville de Kingston ou d'une boite semi déserte de Brixton. En cela il célèbre toujours le dancefloor, rendant ainsi hommage aux raves perdues d'empathie universelle .

Shock One - True Believer / Extrait de The Shock One Ep ( Viper / 2009) en vente ici.

DJ Stretch - Papa Lover (Serum remix) / Extrait de Stepback Sessions (Mac II / 2009) en vente ici.

State Of Mind - Division Ten / Extrait de Faster Than Light (SOM / 2009) en vente ici.

On espère que toi aussi, demain, avec tes frères, tu clameras, une lueur dans les yeux, i'm a junglist and i'm proud.


1 comment:

groovup said...

Ha enfin du son jungle sur ce blog.
Et n'oublions pas l'excellent Omnitrio qui mélodiquement était au top niveau...
J'attends avec impatience un article de Nikki concernant le dubstep.
UK SOUND FOREVER !!!