High Maintenance in Toulouse

16 May 2009

Plus d'une corde au son WARP


Le mythique label de Sheffield fête ses 20 ans et peu, dans le monde de l'électro, peuvent se targuer d'une telle longévité. Né en pleine euphorie acid-house, Warp mérite le respect de tout fan de techno un minimum reconnaissant tant l'histoire du label se confond avec celle de la dance music, quand elle ne l'a pas anticipé.
Voici 20 bonnes raisons non exhaustives de lui souhaiter un joyeux anniversaire.

1) Forgemasters - Track With No name (1989)
Warp se présente à nous à travers ses maîtres des forges (on est à Sheffield, bastion sidérurgique du nord de l'Angleterre) en adaptant le son industriel de Detroit au contexte des anciens bassins miniers européens minés par la crise. Le label invente au passage sa marque de fabrique initiale : la bleep house.

2) Sweet Exorcist - Testone (1990) 
Bleep bleep bleep, clap clap, bleep, clap, bleep, boing, bleeeeeppp, boing, clap, bleeeeepp ! Génial donc.

3) LFO - LFO (1990)
Le morceau techno définitif, des infrabasses à filer des acouphènes.

4) Nightmares On Wax - Aftermath (1990)
Aftermath préfigure la folie hardcore rave à travers son sample vocal de diva étiré, entre euphorie et paranoïa; le double effet kisscool de l'ecstasy en somme... Something unreeaaall !!!!!
Fin 1990, après un an d'existence, Warp représente un improbable 2 % du marché discographique britannique !

5) Tricky Disco - House Fly (1991)
Après un premier single éponyme qui a cartonné dans les charts l'année précédente, Tricky Disco revient avec un track qui sent bon la Belgique, alors capitale mondiale de la techno pour 6 mois, et l'Electronic Body Music.

6) Tuff Little Unit - Join The Future (1991)
Le futur ressemble en fait à un immense chill out, c'est beaucoup mieux que dans Matrix finalement.

7) LFO - What Is House (1991)
Après l'album Frequencies, vrai classique de l'ère techno, voici venue l'heure des premières interrogations. What is house ? A l'époque personne n'a la réponse, on est trop occupé à danser pour y réfléchir.

8) Coco Steel & Lovebomb - Feel It (1992)
Enorme en son temps. Se distanciant pour toujours de la folie breakbeat hardcore qui s'empare alors du pays, Warp fait évoluer le son bleep vers plus de maturité et invente accidentellement la house progressive telle quelle sera popularisée quelques mois plus tard par un label comme Guerilla.

9) Polygon Window - Quoth (1993)
Un dénommé Richard D. James durcit sérieusement le son, après quelques fantaisies breakbeat et ambient. La scène d'Europe continentale commence à faire des adeptes au Royaume-Uni ...

10) Autechre - Basscadet (1993)
Le label se réinvente en effectuant un virage à 180° en 1992-1993 grâce à la sortie de ses compilations Artificial Intelligence qui promeuvent un son abstrait, texturé et parfois .....très chiant. C'est la naissance de la techno de salon ou IDM qui vaudra à Warp son image arty qui lui colle toujours à la peau. Les clubbeurs ne lui disent pas merci, les étudiants en philo, arts plastiques et design, si.

11) Autechre - Lowride (1993)
Force est de constater que lorsque Autechre, comme sur son premier album Incunabula, fait entrer la lumière dans ses paysages sonores claustrophobiques, le résultat est fabuleux.

12) Nightmares On Wax - Stars (1995)
Georges Evelyn magnifie le trip hop sur son archiclassique Smokers Delight. L'album remplacera vite le film du dimanche soir chez tous les ravers en descente. Top classe, on y voyait de toute façon rien avec toute cette fumée.

13) Aphex Twin - Girl/Boy (1996)
Richard D James est déjà une star lorsque il délivre cette véritable bombe à fragmentation. Aphex Twin découvre les breakbeats irréels de la jungle et tente de les adapter à son univers. Le résultat est surtout un hommage appuyé (voire très appuyé) aux productions d'Omni Trio, héros ultime du genre.

14) Aphex Twin - Windowlicker (1999)
Après la jungle, Richard découvre le R'n'B en zappant sur MTV. Problème, il est sous codeïne. Morceau et clip géniaux, Beyoncé chez David Lynch .

15) Squarepusher - My Red Hot Car (2001)
Richard se fait piquer sa recette par son pote Squarepusher ; à savoir prendre un genre fonctionnaliste populaire, ici le uk garage, et en proposer une version arty, acceptable pour le public cible de Warp. Impact énorme sur la génération fluo. A part ça la virtuosité vaine et les tentatives d'humour situationniste light de Squarepusher nous fatiguent.

16) Antipop Consortium - Ghost Lawns (2002)
Largué depuis longtemps niveau dancefloor et l'IDM en manque de renouvellement, le label se cherche une nouvelle direction. Coup de bol pour nous, ce sera, entre autres, les maîtres américains du hip hop expérimental Antipop.

17) Boards Of Canada - Dayvan Cowboy (2006)
Poursuite de la traditon arty, version postrock electro psyché néofolk, avec les Boards Of Canada qui nous replongent dans le liquide amniotique pour l'éternité. Pas leur meilleur morceau mais le haut du panier chez Warp au mitan des années 2000.

18) Flying Lotus - Robertaflack (2008)
Abstract hip hop le retour... Après une diversification tout azimuth, easy listening avec Jimi Tenor, soul avec Jamie Lidell, rock avec Maximo Park et !!! (ces derniers étant excellents au demeurant), le label mise sur les productions downtempo post J Dilla.

19) Dj Mujava - Township Funk (2008)
Etrange retour aux sources par des voies détournées. C'est en Afrique que Warp renoue avec ses débuts bleep. Le track ghetto ultime, un come back dancefloor inespéré, la boucle est bouclée.

20) Hudson Mohawke - Overnight (2009)
Des débuts inégaux pour le petit dernier de l'écurie qui risque de pâtir de la concurrence prochaine de Rustie, nouvelle signature, mais on aime bien sa version épique des Destiny's Child, qui gagnent en épaisseur ce qu'elles perdent en tour de poitrine.

1 comment:

Julien Lafond-Laumond said...

Post encore une fois admirable. Je me frotte les mains car je suis plutôt un expert Warp de cette fameuse IDM post 92-93. Donc les premiers morceaux que tu postes me sont précieux.