Trouver de la vraie musique africaine en Europe relève du défi. Si l'Internet a quelque peu facilité les choses, le travail de recherche reste compliqué.
Benjamin Lebrave, boss du label Akwaaba créé en 2008 à San Francisco n'a pas voulu en rester là. Il a été cherché lui-même la musique à sa source et nous la ramène en partageant les revenus avec les producteurs locaux. Interview mail avec l'Indiana Jones de la Hiplife.
High Maintenance in Toulouse : Bonjour Benjamin, peux-tu nous parler de ton parcours ?
Benjamin Lebrave : Mes études n'ont rien à voir : statistiques et économie à l'ENSAE. J'ai compris avant de terminer que ma voie se trouvait plutôt du côté de la musique. J'ai profité de ma double nationalité (FR et US) pour m'installer à Los Angeles, et travailler à la fois comme DJ et comme relais pour des labels indés français. Après 3 ans j'ai été embauché chez un agrégateur (distributeur de musique en ligne) à San Francisco. C'est ce job qui m'a réellement ouvert les yeux : à la lisière entre music business et technologie, j'ai été en contact permanent avec des dizaines et des dizaines de labels, mais aussi des plateformes de téléchargement, de streaming, etc.
HMIT : Comment ce parcours t'a-t-il amené à créer Akwaaba ?
Benjamin Lebrave : Mes études n'ont rien à voir : statistiques et économie à l'ENSAE. J'ai compris avant de terminer que ma voie se trouvait plutôt du côté de la musique. J'ai profité de ma double nationalité (FR et US) pour m'installer à Los Angeles, et travailler à la fois comme DJ et comme relais pour des labels indés français. Après 3 ans j'ai été embauché chez un agrégateur (distributeur de musique en ligne) à San Francisco. C'est ce job qui m'a réellement ouvert les yeux : à la lisière entre music business et technologie, j'ai été en contact permanent avec des dizaines et des dizaines de labels, mais aussi des plateformes de téléchargement, de streaming, etc.
HMIT : Comment ce parcours t'a-t-il amené à créer Akwaaba ?
BL : En parallèle, un ami à moi est rentré du Ghana avec quelques CDs de hiplife, la pop ghanéenne, mélange de rap et de highlife, des productions faites pour danser, loin des sonorités de la musique du monde.
Etant donné que mon travail était alors de signer des labels pour mettre leur catalogue en ligne, je me suis demandé pourquoi aucun titre hiplife n'était alors disponible sur Internet. Mon boss n'avait pas l'air plus chaud que ça pour m'envoyer au Ghana voir ce qu'il en était, alors j'ai pris une semaine de congé et je me suis envolé vers Accra, sans le moindre contact, uniquement pour suivre mon dogme de base : puisque les Ghanéens produisent localement de la musique, il y en a forcément qui est bien, et qui mérite donc d'être mise en ligne !
Inutile de préciser que je me suis pris une énorme claque, claque dont je ne me suis toujours pas remis !
HMIT : Quelles sont les spécificités d'Akwaaba par rapport à d'autres labels ?
BL : D'abord, Akwaaba est un label digital. Cela nous permet de sortir beaucoup plus de choses, puisque nos coûts sont très bas, et qu'il faut beaucoup moins de temps pour sortir un album.
Ensuite, Akwaaba est une des seules entités à s’intéresser à la pop africaine, plutôt qu'à la musique du monde. C'est-à-dire qu'Akwaaba s’intéresse plutôt à ce qu'on entend à la radio en Afrique, plutôt qu'aux créations de producteurs occidentaux, pour des auditeurs occidentaux.
Enfin, Akwaaba tente de rapprocher ces nouvelles sonorités d'Afrique de scènes occidentales existantes, par exemple la scène club tropicale, et bientôt en 2011 les scènes folk et hip hop.
HMIT : Pourquoi t'installer aujourd'hui au Ghana ?
BL : Je poserais la question à l'envers : pourquoi pas ? Les musiciens et artistes sont en Afrique, Internet y fonctionne très bien, je peux y faire croître Akwaaba bien plus facilement, la vie est moins chère, la culture me fascine. Plus généralement le Ghana est un pays stable, très bien connecté en Afrique comme en Europe et en Amérique du Nord, entouré d'autres pays tout aussi intéressants musicalement. La croissance économique à deux chiffres ne fait pas de mal non plus : le pays est dynamique et tourné vers l'avenir.
Tout n'est pas rose non plus : il existe peu de vraies structures de production musicale. C'est la conséquence des standards locaux en matière de production, mais aussi de promotion et de distribution, qui sont encore en deçà des standards internationaux : raison de plus pour s'y implanter, partager mon savoir et former une structure totalement fonctionnelle et autonome, au Ghana.
HMIT : Quels sont tes projets à venir pour le label ?
BL : Jusqu’à présent Akwaaba a principalement passé des licences pour sortir des albums déjà existants. En étant basé au Ghana nous pourrons produire des artistes, et faciliter des collaborations entre artistes d'Afrique et d'ailleurs - avis aux amateurs !
Etre basé au Ghana c'est aussi pouvoir actualiser le blog plus facilement, pouvoir sortir plus de choses, bref élargir le champ dans tous les sens.
Et beaucoup d'autres projets que je préfère taire pour le moment...
HMIT : La dernière release d'Akwaaba est une compilation de remixes. Quel est ton point de vue sur les remixes? Est-ce que tu ne crains pas que ce soit une aseptisation de musiques trop surprenantes pour nos oreilles occidentales ?
BL : C'est tout à fait vrai. Et c'est même le but. Ce que j’espère, c'est qu'une personne sur 5, ou sur 20, en écoutant par exemple le remix d'Onyenze par Schlachthofbronx (voir MP3 à la fin de l'article), fasse l'effort d'aller découvrir la musique originale d'Onyenze. Ce qui ne serait probablement jamais arrivé sans le remix.
En plus, les ventes du remix reviennent en partie à l'artiste original !
Nous ne sommes pas des puristes, nous cherchons à ce que les musiques d'Afrique touchent un public le plus vaste possible. Et pour ce faire, les remixes sont un outil très utile.
[Extrait de la compilation Akwaaba Remixed]
Et la dernière release du label, les versions gagnantes du concours de remix d'Azingele :
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