High Maintenance in Toulouse

23 April 2009

La dictature du confort d'écoute



Une industrie musicale aux abois nous bombarde depuis quelque temps d’une armada de baltringues censés représenter le sommet de la coolitude. De Christophe Maé (!?!) à Charlie Winston (!?!), les services marketing ont fait un boulot visuel remarquable de prêt à consommer : barbes de trois jours obligatoires, genre baroudeur sexy pour secrétaires coincées à la Défense, couvre-chef incarnant une forme de rébellion socialement acceptable (deux modèles en stock, béret ou panama), guitare en bandoulière toujours prête à sévir autour d’un feu de camp sur la plage, le bellâtre souffrant généralement de graves problèmes existentiels (bobonne s’est tirée, mon petit dernier fait ses dents) mais réussissant l’exploit de rester super gentil avec son prochain (invariablement un faux rasta, un surfeur et une bombe en bikini, les trois toujours en tongs) ; le tout se déroulant fatalement dans un cadre aux couleurs lavasses parce que tu vois non, trop de couleurs flashy, ça va pas le faire, il faudrait pas agresser le chaland.

Musicalement, là encore, les commerciaux d’Universal et consorts sont à féliciter : réussir à synthétiser le gêne de l’insignifiance et surtout à le cloner avec autant de constance mérite un Nobel. En fait les mecs doivent venir de l’agro-alimentaire tellement c’est du blédina pour nos oreilles : compositions ultra formatées, chant asthmatique, production lisse et sans relief, confort d’écoute maximal, plaisir minimal. On devine aisément que cette bouillie sonore ravit son public, généralement féminin, faussement libéré, authentiquement conformiste et angoissé. On comprend aussi pourquoi on écoute de la Bass music.

Au milieu de cette armée d’imposteurs, on conseillerait plutôt à celles qui sont en quête d’apaisement, soit du sexe, soit l’écoute du dernier single de Jack Peñate, soit les deux. Sur une trame reprenant tous les clichés néofolk mainstream de ces comparses, Tonight's Today réussit en effet l’exploit de déployer un groove afro tout en retenue qui n’est pas sans rappeler le meilleur du dance rock indé des Talking Heads à Vampire Weekend. Au-delà de sa mélodie imparable, genre tube de l’été, le morceau fait de Jack Peñate le mec le plus classe que vous croiserez sur la bande son de vos vacances.

Au lecteur révolté par la faible teneur electro de ce post, on répond qu’un truc pareil va se faire bootlegger booty dans tous les sens ; Jack Peñate, le cool sans peine on te dit .

Jack Peñate - Tonight's Today (XL / 2009) - En vente ici .


1 comment:

stouf said...

... quand je lis... je ris... et là, avec cet article, je suis entre le huhuhu et le hin hin hin... vraiment...

... Christophe Maé, au sommet de la coolitude... arf arf arf... d'autant plus que son vrai nom c'est Christophe Martichon... là, c'est le nirvana de la cool attitude... la cool altitude même... yeah!

s.