High Maintenance in Toulouse

20 June 2011

Putain, dix ans !



2001 - 2011 : 10 ans que Les Siestes Electroniques bercent Toulouse sur des rythmes électroniques au début de l'été... Aventureuse et racée sont les deux adjectifs qui définissent sans doute le mieux la programmation d'un festival qui mise sur la convivialité et le partage. Cette année encore est riche en découvertes, à commencer par l'excitante ouverture, ce jeudi : Dj Tron (Radioclit) viendra présenter le fruit de ses recherches sonores à travers les ghettos du monde entier et nous aurons droit à la première française de la sud-africaine Shangaan Electro. Le lendemain, le Dirty Sound System nous régalera de ses perles musicales en fin d'après-midi. Le soir, "une fête folle et déraisonnable" avec une programmation confiée au Robert Johnson, mythique club de Frankfort. Le samedi, on fait la sieste avec pour fond sonore la musique de Lone, soit un condensé de ce qui se fait de mieux outre-Manche. Enfin, c'est avec regret que, le dimanche, cette édition commencera déjà à n'être plus qu'un souvenir, les élucubrations de James Pants laissant place - avant extinction totale du son - à la "sono mondiale" de Jess & Crabe.

Pour fêter dignement ce dixième anniversaire, nous nous devions de poser quelques questions à celui qui est sans doute le mieux placé pour nous parler du festival, à savoir Samuel Aubert, membre fondateur et programmateur. L'occasion également pour nous de revenir sur des thèmes évoqués lors de notre précédent entretien. Bilan et perspectives...


HMiT : Alors Samuel, ça y est, le festival fête ses dix ans ! Tout d'abord, bon anniversaire et bravo ! Quels souvenirs gardes-tu de cette décennie ?
Samuel Aubert : Merci, mais plutôt que de répondre moi, si tu le veux bien, je laisserais les artistes en parler. Sur notre site, à la fin de la page de présentation de cette édition 2011, ils nous disent ce qu'ils ont apprécié du festival et je trouve ça tellement mieux !

HMiT : Le public est-il toujours plus nombreux ?
Samuel : Un peu oui, on a nos fidèles et chaque année de nouveaux spectateurs découvrent notre festival, mais le but n'est pas forcément de grossir pour grossir ! On aurait même tendance à être plutôt décroissant en la matière... En tout cas, il est clair que la recherche du nombre ne doit pas empêcher la qualité d'écoute ou encore la capacité à faire l'ensemble du festival (on n'organisera jamais deux concerts en même temps par exemple).
Ce qui me semble important, plus que le nombre, c'est la confiance que semble nous accorder le public... La programmation de cette année est très "découverte" par exemple et ce y compris pour la soirée club et pourtant cette soirée sera vraisemblablement sold-out d'ici quelques heures... Cette confiance nous honore !

HMiT : A présent, si tu veux bien, intéressons-nous à cette édition 2011. Peux-tu nous présenter la programmation de cette année ? Cherche-t-elle à être le reflet des tendances actuelles ?
Samuel : Oui et non. Elle est forcément le reflet de notre époque, mais, éminemment subjective, elle cherche aussi a gagner en liberté. Le fait de ne pas dépendre de la billetterie nous permet plus de liberté artistique, il serait bien dommage de ne pas dès lors en profiter, non ? ;)
Bon, cela étant dit, que puis-je t'en dire, plus concrètement ? Je suis content de pouvoir ouvrir plus nos horizons musicaux avec notamment cette année les inventeurs de ce nouveau courant venus d'Afrique du Sud, le Shangaan Electro, c'est tellement bluffant. On aura également le droit à deux sélections extrêmement savantes par Etienne Tron de Radioclit et Clovis Goux de Dirty Sound System et ça, ça m'excite pas mal ! Je suis curieux de voir Villa Nah. Je sais que Connan Mockasin risque d'en surprendre plus d'un. Etc.

HMiT : Cette année, il y a encore plus de gratuité que lors des éditions précédentes. Seule la soirée club du vendredi reste payante. Or le thème de la gratuité de la culture est d'une actualité brûlante, notamment dans la musique, avec l'avènement du mp3. Peux-tu nous expliquer vos choix en ce domaine ? La culture doit-elle rester payante ?
Samuel : Que les choses soient claires, le fait que Les Siestes Electroniques soient gratuites n'a rien à voir avec le débat sur le téléchargement, le streaming ou autre. Par ailleurs, si notre gratuité implique un modèle économique différent, il est vrai, cela n'a, non plus, rien à voir avec l'avènement d'un écosystème de la gratuité comme il se développe notamment sur le net (nous ne fonctionnons pas avec de la pub, nous ne développons pas d'offre freemium...).
La gratuité dans notre cas est un acte politique, car cela n'est possible que grâce à des subventions publiques... Je ne suis pas sûr que ça soit aussi assumé à la Ville, au Département ou à la Région, c'est paradoxal (et dommage), mais c'est un fait dont nous sommes heureux et fiers. Je ne sais pas si ça va durer très longtemps (après tout ça ne tient qu'à nous, c'est nos impôts), mais on aura au moins vécu 10 ans sur une économie du don plus que de la gratuité et on aura mis en avant l'idée que la musique est un bien commun et ça sera déjà pas mal, je trouve !

HMiT : Il y a deux ans, nous parlions de la culture électronique à Toulouse et des rapports des associations culturelles avec les institutions. La situation a-t-elle changé ?
Samuel : Euh, pour être honnête, je ne me souviens plus de ce que je t'avais dit il y a deux ans, donc je ne sais pas ;) Ce qui est sûr, c'est qu'il se passe de plus en plus de choses à Toulouse, le tissu local est dynamique ! Pour ce qui est des relations entre ces nouveaux porteurs de projet et les institutions, je ne suis pas convaincus d'être le mieux placé pour en parler, il faudrait leur demander à eux directement...

HMiT : Pour conclure l'entretien, peux-tu nous dire en quelques mots pour quelle raison il faut absolument participer à l'événement cette année ?
Samuel : Absolument non, ce qui fait la beauté des Siestes Electroniques selon moi c'est que nous offrons un cadre où tout un chacun peut venir pour se faire sa propre opinion. Tu viens, c'est gratuit, à la cool... Je ne te dis pas que ces artistes sont les meilleurs du monde ou ceux qu'il faut absolument voir maintenant tout de suite, je te dis que j'aime profondément ces artistes, qu'ils m'intéressent, je te donne l'opportunité de les voir, dans de bonnes conditions me semble-t-il et te demande ensuite ton avis... Tu vois la différence ?

HMiT : Oui, parfaitement, Samuel. Merci ! Nous souhaitons aux Siestes d’être cette année encore le beau festival que nous aimons.

Retrouvez l'ensemble de la programmation ici.


Bonus !


Comme nous l'évoquions plus haut, la clôture du festival constitue cette année pour nous un de ces moments forts, puisque nous aurons le plaisir d'écouter Jess & Crabbe - duo de dj qui nous est cher - jouer les dernières notes de cette édition 2011. Pour anticiper ce moment, je vous laisse découvrir en avant-première un morceau présent sur Bazzerk, double compilation de kuduro à sortir le 11 juillet sur Mental Groove, dont la sélection a été réalisée par les deux djs parisiens.

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