High Maintenance in Toulouse

23 November 2009

Slacker humanoid

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Parce que nous aussi on aime les beats qui tapent fort, on se devait de rendre hommage à ce grand groupe jemenfoutiste que constitue DSL pour la sortie de leur nouvel ep. Espoirs sacrifiés des années 2000, les trois frères ont produit en 2003 un album ovni totalement ignoré et sous-estimé. Coincée entre des TTC nihilistes (groupe pivot qui a fait basculer toute une génération hip hop dans la techno) et un Klub Des Loosers misérabiliste (groupe pivot qui a fait basculer toute une génération dans l'abstinence sexuelle), l'alliance electro-rap que proposait J.A.Y.M sonorisait à merveille les tensions intérieures qui animaient nos lascars. L'un des axes les moins originaux sur lequel repose l'opus est la fascination/répulsion du clubbing pré-bling bling. Plus intéressant est le véritable talent du trio à mêler critique sociale et évocation des relations amoureuses, versions lune de miel ou fin de parcours, c'est selon. Ils peuvent même à l'occasion se montrer réellement poignants dans ce dernier registre comme en témoigne leur époustouflante chanson de rupture sentimentale, Padampam, sorte de variation géniale autour de Ne Me Quitte Pas qui prendrait à front renversé le French Kiss de Lil Louis.

Et puis ? Et puis c'est tout. Les mecs ont probablement passé des années à engloutir des tonnes de chips et à significativement relancer le cours de l'action Rizzla+ devant World Of Warcraft entre deux tests de paternité à effectuer. Jusqu'à ce que, dans un grand élan de compassion, le label de chevelus à casquettes Ed Banger leur offre en 2008 le gite et le couvert. Seule condition imposée : sortir, euh, des disques. On subodore donc un raclage intensif de fonds de tiroirs pour échapper à l'expulsion dont résulte entre autre leur impeccable Find Me In The World.

Retour donc cette année, histoire de rompre le silence discographique dans lequel leur label s'est emmuré depuis quelque temps. Si Stupid Bitches, le titre phare de leur nouvel ep, semble être musicalement le résultat d'un casse à demi-réussi du disque dur de leurs labelmates Justice, visiblement ils ont trouvé le dossier routines disco et basses slappées mais pas le fichier sons heavy metal, l'intérêt du morceau réside avant tout dans des lyrics capables d'aligner des fulgurances telles que notre amour n'est pas feng shui ou arrache moi le coeur avec tes faux cils. Pour le reste nos rappetous sont en roue libre, confiant les manettes aux remixeurs chargés de hypiser la chose (tu trouveras leurs versions sur à peu près tous les blogs de la terre depuis au moins 2 mois). Ils tentent malgré tout, dans un accès de lucidité, de reprendre mollement le contrôle sur J'mens bats les couilles qui déroule à peu près tous les clichés faisandés du rap français. En dépit de ce semi-échec, on ne se résout toujours pas à abandonner ces slackers au grand coeur tant leur bullshit attitude fait plaisir à voir en ces temps sarkozistes. On attend donc avec curiosité leur nouvel album calé probablement pour l'année prochaine, même si personnellement on mise plutôt sur une date de sortie courant 2017.


Bonus YouTube : Humanoid - Stakker Humanoid (Westside / 1988)
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1 comment:

Fridz said...

Excellent DSL ! surtout les premiers morceaux (dans le genre Outkast à la française mais en plus électro).