On doit bien l'admettre, on avait vaguement lâché l'affaire Hot City trop occupé qu'on était à s'immerger dans les tréfonds de productions post-dubstep intimistes en phase avec notre biorythme, dangereusement proche de celui de la loutre. Accueillant dans un état de mollesse avancée la création du label Unknown To The Unknown par le groupe en 2011, notre temps de réaction face à ses premières manifestations musicales fut fatalement des plus inexistants. Mais en 2012, année de la lucidité retrouvée et de crise myticole prononcée, on a enfin saisi tout ce qui fait l'intérêt d' UTTU: la structure symbolise en réalité le retour du refoulé d'une scène bass embourbée dans un processus hygiéniste consistant à expurger tout élément cheesy et hardcore de ses propositions musicales au profit d'un jansénisme techno/house qui systématise le port du complet veston. Prenant le contrepied de cette quête de respectabilité, l'armée mexicaine d'UTTU a recruté ses membres en faisant les poubelles du hardcore continuum : vieilles gloires dark garage (DJ Narrows), starlettes de la bassline house (DJ Q), orphelins de la fidget (Detboi), revivalistes eski-grime (Logos) ou UK Garage (Mista Men), tous se sont rangés sous l'autorité approximative du commandant en chef DJ Haus.
De la stratégie de reconquête musicale par le bas élaborée par ce dernier résultent aujourd'hui les 12 titres composant Tales From The Darkside, la première et très attendue compilation du label. Là où beaucoup s'efforcent d'ériger d'impeccables natures mortes ou d'austères berghaineries au sound-design parfois vain, les terroristes d'UTTU ont donc choisi l'option vitaliste, celle qui affirme le primat d'un chaos hormonal adolescent assez jouissif (l'univers visuel du label est à ce titre très révélateur) sur l'ordonnancement mortifère du bon goût musical. Se dégage ainsi de la plupart des morceaux une délicieuse ambivalence générée par la confrontation entre les éléments les plus fonctionnalistes de la dance-music (vocaux et pianos cheesy), censés créer un sentiment d'urgence, et des motifs plus sombres (synthés hantés, infrabasses menaçantes, samples vidéoludiques pervertis), indiquant que l'euphorie est derrière nous. Ces contes du côté obscur tuent toute velléité réflexive pour s'abandonner à la jouissance des corps tout en célébrant la face cachée de l'héritage rave, c'est-à-dire ces périodes d'expérimentations musicales forcées qui font suite au déclin d'une scène (1993 pour la dark jungle, les débuts des années 2000 pour le dark garage et le proto-grime) et préparent la suivante à l'abri des regards. On pense alors à tous ces producteurs de l'ombre aux pseudos improbables et temporaires, tous ces bootlegs douteux non crédités, ces radios pirates londoniennes à l'émetteur faiblard, ces labels oubliés ou déconsidérés (les labels jungle Ibiza et Formation viennent à l'esprit), qui ont constitué l'essence même de la scène hardcore anglaise pendant 20 ans sans forcément en retirer un crédit substantiel.
La compilation vient dès lors rappeler avec bonheur que la dance-music la plus probante, c'est-à-dire la plus vivante, se nourrit souvent aux sources les plus impures, les plus prolétaires et les plus populistes. Il serait dommage d'y passer à côté.
De la stratégie de reconquête musicale par le bas élaborée par ce dernier résultent aujourd'hui les 12 titres composant Tales From The Darkside, la première et très attendue compilation du label. Là où beaucoup s'efforcent d'ériger d'impeccables natures mortes ou d'austères berghaineries au sound-design parfois vain, les terroristes d'UTTU ont donc choisi l'option vitaliste, celle qui affirme le primat d'un chaos hormonal adolescent assez jouissif (l'univers visuel du label est à ce titre très révélateur) sur l'ordonnancement mortifère du bon goût musical. Se dégage ainsi de la plupart des morceaux une délicieuse ambivalence générée par la confrontation entre les éléments les plus fonctionnalistes de la dance-music (vocaux et pianos cheesy), censés créer un sentiment d'urgence, et des motifs plus sombres (synthés hantés, infrabasses menaçantes, samples vidéoludiques pervertis), indiquant que l'euphorie est derrière nous. Ces contes du côté obscur tuent toute velléité réflexive pour s'abandonner à la jouissance des corps tout en célébrant la face cachée de l'héritage rave, c'est-à-dire ces périodes d'expérimentations musicales forcées qui font suite au déclin d'une scène (1993 pour la dark jungle, les débuts des années 2000 pour le dark garage et le proto-grime) et préparent la suivante à l'abri des regards. On pense alors à tous ces producteurs de l'ombre aux pseudos improbables et temporaires, tous ces bootlegs douteux non crédités, ces radios pirates londoniennes à l'émetteur faiblard, ces labels oubliés ou déconsidérés (les labels jungle Ibiza et Formation viennent à l'esprit), qui ont constitué l'essence même de la scène hardcore anglaise pendant 20 ans sans forcément en retirer un crédit substantiel.
La compilation vient dès lors rappeler avec bonheur que la dance-music la plus probante, c'est-à-dire la plus vivante, se nourrit souvent aux sources les plus impures, les plus prolétaires et les plus populistes. Il serait dommage d'y passer à côté.
Bonus : Unknown To The Unknown offre à ses fans le Night Heat EP de Nightwave sorti l'année dernière. Téléchargement ici .
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