High Maintenance in Toulouse

10 January 2010

Out of space (i'll take your brain to another dimension)

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Techno et science-fiction ont toujours fait bon ménage depuis au moins Underground Resistance, même si évidemment il n'est pas interdit de remonter à des périodes musicales plus anciennes (Kraftwerk et ses hommes-machines bien sûr). Mad Mike et ses acolytes ont toutefois plus que les autres inscrit leur odyssée sonore dans la grande tradition afrofuturiste des artistes noirs (Sun Ra et George Clinton par exemple) pour des raisons qui dépassent la simple correspondance musique électronique = son extraterrestre. En effet à coups de tracks ou d'albums intitulés Jupiter Jazz, Galaxy To Galaxy ou Atlantis, ce que nous transmettaient les papes de Detroit c'était avant tout leur désir d'ailleurs, leur aspiration à un monde parallèle quand le nôtre impose un quotidien où inégalités alternent avec discriminations. Parce que la science-fiction autorise une multiplicité de paraboles, elle constitue le vecteur privilégié de la critique politique du présent, intention au cœur de la démarche des pionniers de la Rusted Belt. D'une certaine manière cette logique a culminé lorsque Jeff Mills a tenté il y a quelques années l'aventure du ciné-concert en sonorisant le Metropolis de Fritz Lang mais elle s'est également vite propagée durant les années 1990 à l'ensemble des secteurs de la dance music, de la drum'n'bass (4 Hero ou A Guy Called Gerald en pur mode afrofuturiste) au trip hop (particulièrement le label Mo'Wax) en passant par la french touch (l'aspect robotique des Daft Punk les amenant ainsi à composer la BO du prochain Tron).

Évidemment l'aspect critique s'est dilué et la techno au sens large n'a bien souvent conservé de la science-fiction que ses oripeaux utopistes mais ses thèmes ont néanmoins servi à caractériser l'expérience rave comme un moment où le futur s'inventait, où un autre monde devenait possible, un monde dans lequel la technologie faisait naître un rapport sensoriel et spirituel à l'autre inédit (euh bon la technologie n'était peut-être pas la seule responsable...). Cette dimension parallèle, cette réalité d'alien, beaucoup tentent de la retranscrire sur microsillons en vue de réussir le grand voyage dans l'espace. En 2010, le premier à s'y coller se nomme Raffertie à travers son titre 7th Dimension, qu'on suppose emprunté à l'émission radiophonique SF de la BBC. Sa septième dimension confirme de façon probante l'existence d'une vie extraterrestre qui nous veut du bien. Celle-ci nous parvient de la planète Mu via une curieuse faille spatio-temporelle, kaléidoscope de vocaux pitchés à la sauce 92, d'electro 80's et de 4/4 de tous les âges qui génèrent un réjouissant mutant musical invitant à la fraternisation intergalactique. Un accueil à la District 9 est donc totalement proscrit, tant les aliens de cette 7e dimension nous font monter au 7e ciel.

Raffertie - 7th Dimension (Planet Mu / 2010)

Raffertie - 7th Dimension (Planet Mu) en vente ici.

3 comments:

groovup said...

I'm gone sent into outer space to find another race,
I'm gone sent into outer space to find another race...

Anonymous said...

afrofuturiste noir

fridz said...

Des boucles hypnotiques, un son crémeux qui nous envoie tout droit dans la voie lactée. Normal pour les héritiers des esthètes de la dairy belt.