Basement Jaxx et nous, c'est un peu comme deux anciens amants qui sont amenés à se croiser régulièrement : on a beau savoir que tout est fini depuis longtemps (depuis au moins Crazy Itch Radio voire Kish Kash), on ne peut s'empêcher à la revoyure de remettre le couvert, juste pour être sûr que la chimie des corps n'opère plus ou histoire de rendre un dernier hommage au lien défait, on ne sait plus très bien, vu qu'en général, la confusion mentale règne. En catimini, on a donc craqué à nouveau, pas fier, en écoutant leur dernier album sorti dans l'indifférence totale semble-t-il (si, si, on t'assure, il y a vraiment un nouveau Lp, que tu peux te procurer quelque part par là ; ça s'appelle Scars et oui, des cicatrices, on en a un paquet). La pudeur nous empêche de révéler à quel point, passée l'excitation des retrouvailles, on aurait dû s'abstenir malgré des atours toujours aussi affriolants, surcharge de make up oblige, qui nous ont un court instant déstabilisés. Pour se convaincre que, non, ce coup-ci c'était bien la dernière fois que l'on nous y prenait, établir la liste de tout ce qu'on a toujours détesté chez les Jaxx semblait la meilleure des solutions : sentimentalisme outrancier, goût prononcé pour les espagnolades improbables, abus des interludes vains, éclectisme de façade.
Et pourtant, on a beau s'autopersuader de la prégnance des pires tares, on n'arrive pas à complètement effacer le souvenir des premiers ébats quand tous ces reproches sonnaient comme autant d'éloges. A l'époque de notre rencontre, vers 1999, on s'était juré de ne plus écouter de house, tellement écoeuré par le formatage complet du genre. Et là, sans crier gare (bon ok, on avait déjà effectué quelques repérages du côté du label Atlantic Jaxx), on tombe sur cet ovni discographique au manifeste ambitieux puisque il se présentait comme le Remedy idéal à toutes nos névroses. L'ensemble ne manquait pas de panache dans son ambition de dynamiter les carcans et les chapelles dans lesquels périclitait complaisamment la dance music du moment. A nos yeux, on n'est pas objectif quand on est amoureux, les Basement Jaxx ont sauvé la house mainstream anglaise en y injectant un esprit festif communicatif malgré les regards dédaigneux de l'internationale puriste. Comme d'autres courageux avant eux, Felix Burton et Simon Ratcliffe ont affiché d'emblée leur volonté de décloisonner la musique de club pour fédérer à nouveau l'ensemble des tribus electro, voire au-delà, autour de l'utopie d'une house nation universelle (il ne faut pas oublier que l'un d'entre eux a commencé par produire du breakbeat hardcore à l'époque des grandes communions rave). D'où des morceaux qui se permettaient tout, du ragga enlevé à la tentative de R'n'B ambiant, sans tomber dans le n'importe quoi populiste. On s'est longtemps demandé comment ils arrivaient à effectuer ce tour de force avant de comprendre que tout est question de croyance : les Jaxx avaient tout simplement la foi en l'aspect curatif du dancefloor, ce que reflète le sentimentalisme exacerbé de la plupart de leurs morceaux (les sans cœurs diront le pompiérisme). La lune de miel se poursuivra jusqu'à Rooty (2001), époque où le remède à toutes nos souffrances demeure toujours un baiser. L' album fait cohabiter les contraires, Prince et le punk rock par exemple, avec un naturel désarmant qui prouve que Basement Jaxx, c'est toutes les musiques en une.
Et puis, insidieusement, la schizophrénie s'est emparée du groupe : d'un côté la sortie d'albums boursouflés, traversés d'éclair de génie pop trop rares, de l'autre des maxis audacieux plus confidentiels et réservés à leur label Atlantic Jaxx. Pris entre des aspirations contradictoires, remplir les objectifs commerciaux et continuer à innover, Basement Jaxx est devenu bipolaire. Sa face cachée a même constitué un facteur déterminant dans l'essor de la fidget puisque, à travers leurs soirées brixtoniennes, ils ont largement contribué à mettre en avant des djs comme Sinden et Switch qui ont retenu les leçons fondamentales des Jaxx, à savoir une ouverture musicale à 360 degrés et l'art du melting pot sonore au service de l'épanouissement corporel. Sous pseudo Nifty, ils ont également sorti d'excellents tracks influencés ghetto et ont souvent veillé à se faire remixer par les producteurs les plus en pointe. Encore récemment des morceaux comme Make Me Sweat perpétuent cette aspiration originelle à la fusion des genres et à la célébration de l'euphorie de la peak hour.
Dès lors, quoi qu'on pense de leur dernier album, une place demeure dans notre coeur pour nos ex-amours tant Basement Jaxx, c'est pour toujours la maison du bonheur.
Et pourtant, on a beau s'autopersuader de la prégnance des pires tares, on n'arrive pas à complètement effacer le souvenir des premiers ébats quand tous ces reproches sonnaient comme autant d'éloges. A l'époque de notre rencontre, vers 1999, on s'était juré de ne plus écouter de house, tellement écoeuré par le formatage complet du genre. Et là, sans crier gare (bon ok, on avait déjà effectué quelques repérages du côté du label Atlantic Jaxx), on tombe sur cet ovni discographique au manifeste ambitieux puisque il se présentait comme le Remedy idéal à toutes nos névroses. L'ensemble ne manquait pas de panache dans son ambition de dynamiter les carcans et les chapelles dans lesquels périclitait complaisamment la dance music du moment. A nos yeux, on n'est pas objectif quand on est amoureux, les Basement Jaxx ont sauvé la house mainstream anglaise en y injectant un esprit festif communicatif malgré les regards dédaigneux de l'internationale puriste. Comme d'autres courageux avant eux, Felix Burton et Simon Ratcliffe ont affiché d'emblée leur volonté de décloisonner la musique de club pour fédérer à nouveau l'ensemble des tribus electro, voire au-delà, autour de l'utopie d'une house nation universelle (il ne faut pas oublier que l'un d'entre eux a commencé par produire du breakbeat hardcore à l'époque des grandes communions rave). D'où des morceaux qui se permettaient tout, du ragga enlevé à la tentative de R'n'B ambiant, sans tomber dans le n'importe quoi populiste. On s'est longtemps demandé comment ils arrivaient à effectuer ce tour de force avant de comprendre que tout est question de croyance : les Jaxx avaient tout simplement la foi en l'aspect curatif du dancefloor, ce que reflète le sentimentalisme exacerbé de la plupart de leurs morceaux (les sans cœurs diront le pompiérisme). La lune de miel se poursuivra jusqu'à Rooty (2001), époque où le remède à toutes nos souffrances demeure toujours un baiser. L' album fait cohabiter les contraires, Prince et le punk rock par exemple, avec un naturel désarmant qui prouve que Basement Jaxx, c'est toutes les musiques en une.
Et puis, insidieusement, la schizophrénie s'est emparée du groupe : d'un côté la sortie d'albums boursouflés, traversés d'éclair de génie pop trop rares, de l'autre des maxis audacieux plus confidentiels et réservés à leur label Atlantic Jaxx. Pris entre des aspirations contradictoires, remplir les objectifs commerciaux et continuer à innover, Basement Jaxx est devenu bipolaire. Sa face cachée a même constitué un facteur déterminant dans l'essor de la fidget puisque, à travers leurs soirées brixtoniennes, ils ont largement contribué à mettre en avant des djs comme Sinden et Switch qui ont retenu les leçons fondamentales des Jaxx, à savoir une ouverture musicale à 360 degrés et l'art du melting pot sonore au service de l'épanouissement corporel. Sous pseudo Nifty, ils ont également sorti d'excellents tracks influencés ghetto et ont souvent veillé à se faire remixer par les producteurs les plus en pointe. Encore récemment des morceaux comme Make Me Sweat perpétuent cette aspiration originelle à la fusion des genres et à la célébration de l'euphorie de la peak hour.
Dès lors, quoi qu'on pense de leur dernier album, une place demeure dans notre coeur pour nos ex-amours tant Basement Jaxx, c'est pour toujours la maison du bonheur.
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